Mauritanie : l’antériorité des Noirs dans le peuplement au cœur de la polémique sur les réseaux sociaux

Boolumbal Boolumbal

La polémique sur le peuplement de la Mauritanie est partie comme une traînée de poudre depuis plus d’une semaine sur les réseaux sociaux jusqu’à faire sortir sur leurs réserves des historiens, l’intelligentsia mauritanienne et la société civile. Les observateurs reviennent cette fin de semaine sur deux contributions pertinentes qui relancent le débat.

En réalité c’est l’histoire en tant que sciences sociales, qui est interpellée et l’histoire politique de la Mauritanie quelques années avant son indépendance jusqu’à nos jours. Une double confrontation historique qui atteste de la difficulté sur le peuplement actuel de la Mauritanie.

Mais ce qui est sûr, les découvertes scientifiques ne trompent pas l’opinion publique. Les découvertes de peintures rupestres et d’outils en pierres plaident pour un Sahara qui était verdoyant et fertile selon les historiens mauritaniens de la diaspora Ciré Bâ et Boubacar Diagana qui précisent que le Sahara mauritanien était habité par des populations noires (Sérères, Sooninko, Fulbes, Bambara ou Bamanan et Ouolofs) qui se sont progressivement installés ou repliés au Sud à cause du climat et de l’insécurité engendrée par les invasions venues du Nord.

Cette toponymie n’est pas à prendre à la légère. L’histoire retiendra que c’est à partir de cette connaissance que les premiers habitants de la Mauritanie actuelle étaient des Noirs, le père de l’indépendance du pays a entrepris le processus d’effacement de l’identité noire avec une arabisation à outrance dès 1961, la première fracture de la cohabitation qui poursuit son bonhomme de chemin 60 ans après.

Et c’est le professeur Ely Mustapha qui va enfoncer le clou en révélant le terrible secret gardé jalousement depuis 70 par les différents locataires du palais de Nouakchott à savoir la découverte d’une peinture rupestre identifiée par les anthropologues comme étant la représentation unique et sans aucun doute possible le peuplement noir de la Mauritanie. La poste mauritanienne avait émis un timbre à l’époque à l’effigie de cette peinture mais d’une courte durée par les autorités de Nouakchott qui craignaient une tension entre les différentes composantes nationales.

Le professeur mauritanien va plus loin en affirmant que c’est la date d’émission de ce timbre en 75 que Mokhtar Ould Daddah déclencha la guerre du Sahara dont l’objectif était de faire oublier cette découverte et de dénégrifier le pays en envoyant les noirs comme chair à canon. Ce qu’avait dénoncé le président sénégalais Senghor comme étant le racisme dans les rangs de l’armée mauritanienne.

Aujourd’hui cette gravure est gardée dans un coffre-fort à la banque centrale de la Mauritanie. Pas étonnant que la Mauritanie soit restée longtemps le seul pays à cacher les statistiques de sa population. Et l’histoire retiendra que les déportations de 89 de près de 100000 noirs de la vallée sous le régime de Ould Taya s’inscrivent dans le cadre d’une épuration ethnique et en 2009 sous le régime de Ould Aziz le prétexte de modernisation de l’état-civil a viré au génocide biométrique faisant des milliers de négro-africains du Sud des apatrides et des étrangers chez eux.

Qu’importe l’antériorité des noirs le vrai problème mauritanien c’est la cohabitation apaisée des différentes composantes. Les mauritaniens veulent vivre ensemble dans la diversité et dans un état de droit qui respecte les différences, la citoyenneté et les libertés.







Cherif Kane

Coordinateur journaliste





Source: kassataya.com


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